mardi 22 septembre 2009

Hommage à S. mon ami

Non mais ça va-tu mal dans l'monde, ou si c'est juste moi qui capote? Disait Dédé Fortin.

S. est parti dimanche soir, son père l'a trouvé suspendu dans la remise derrière chez lui. Il en en fait une attaque tellement le choc a été dur. Heureusement, il est sorti de l'hopital aujourd'hui.S. était un ami de longue date. Nous avons fait les 100 coups ensemble quand nous étions plus jeunes et jusqu'à la mi-vingtaine. Puis, nos vies respectives nous ont séparées, comme ça arrive bien souvent. Nous avions gardé une belle complicité malgré tout quand nous nous revoyions. Son coup de fil de cet été m'avais surpris et cette invitation, avec insistance, à arrêter chez lui prendre une bière, me hante un peu aujourd'hui...j'avais refusé sous prétexte que je n'avais pas le temps..."je vais te rappeler" lui avais-je dit. Je ne l'ai jamais fait. Aujourd'hui, il est trop tard...je ne pourrai plus jamais en prendre une avec lui, il a décidé de partir sans avertir.

Je m'imagine la scène de sa femme, annonçant la nouvelle à ses deux enfants..."Papa ne reviendra plus... jamais!" Qu'est-ce que ça doit être d'entendre ça bordel.....et de devoir l'annoncer...je n'ose même pas y penser...le courage que ça doit prendre, non mais...ça n'a pas de sens.

Le S. que j'ai connu n'avait rien d'un gars qui aurait pu commettre l'irréparable. Sûr de lui, beau bonhomme, venant d'une bonne famille...il avait pourtant tout pour ne pas sombrer dans cette détresse...J'ai connu S. quand je devais avoir 9 ou 10 ans. C'était l'époque des Nintendo et bien sûr, S. en avait un! Je me rappelle trop les samedis de pluie passé à se défoncer sur les pauvres petites manettes à jouer à Mario Bross et à Kombat. S. pouvait jouer sans arrêt pendant des heures, à en oublier d'aller uriner tellement il était dedans! S. était fort en gueule, et bien des fois, il m'a entraîné malgré moi dans des coups pendables dont lui seul pouvait imaginer les scénarios, digne des meilleurs clips de "Juste pour rire"...j'ai jamais connu un gars aussi joueur de tours que lui...parfois, ça virait moins drôle aussi mais bon, who cares today? Lui, il l'a fait et en assumait les conséquences.

S. se montrait très attaché à ses amis proches. Je me rappelle qu'il pouvait me téléphoner 5-6 fois dans une journée pour que je passe chez lui, jusqu'à ce que je flanche quoi (je vous ai dit qu'il était fort en gueule ?? ) S. a vécu avec moi plein de moments importants de ma vie...on étaient alors que des enfants mais il y a de ces choses que l'ont ne peut oublier. Quand j'entrai dans l'autobus pour la première fois au secondaire, S. et moi étions assis ensemble...en fait, nous avons passé tout notre secondaire à voyagé ensemble, sur le même banc, à se raconter mille et une chose. Comme il avait le mal des transports, nous étions assis devant, juste derrière le conducteur, que S. faisait bien souvent damner.

S. fut le premier témoin de mon premier amour cachée, S.M....elle était une de ses amies, mais S. a toujours gardé le secret de mon attirance envers elle. Il avait bien des défauts, mais c'était quelqu'un en qui on pouvait avoir confiance lorsqu'on lui confiait qq chose. Je me rappelle aussi qu'à notre dernier examen au secondaire, nous étions allé prendre une bière dans un petit bar et que nous nous étions fait prendre dans une descente, à midi trente, un vendredi ! S. craignait alors de ne jamais pouvoir être policier à cause de ça, mais pour les autres qui étions là, nous n'avons que payer une amende de 30$ et rien n'a vraiment été si grave que ça! Et puis, il y eut toutes les autres bières qui suivirent...la vie n'était pas compliquée...maudit qu'on a eu du fun à sortir lui et moi...les filles tombaient comme des mouches :) c'est pratique d'avoir un ami avec une grande gueule...! Comment oublier l'hiver où S. avait trop bu et que malgré le fait que j'aille insisté, il avait pris sa voiture quand même. Moi et un autre ami le suivions et S. a pris le champ, l'auto avait capotée et nous avions bien peur qu'il y aille laissé sa peau...mais non, S. s'était extirpé de son auto sur le top par une fenêtre et s'en était encore une fois tiré. Cette année là, le party de finissant que nous vécurent ensemble restera à jamais gravé dans ma mémoires, comme toutes les autres péripéties que nous avons vécues, dont les nombreuses bagarres qu'il déclenchaient dans les bars...! Eh, oui, c'est aussi ça avoir une grande gueule!

Tout raconter ce que nous avons vécus ensemble serait ici beaucoup trop long et prendrai bien une année...Je retiendrai de S. quelqu'un de profondemment intense et attachant...et qui m'a appris une foule de choses de la vie, à sa façon bien sûr. Tous mes souvenirs de toi, et Dieu sait qu'il y en a, resteront en moi à jamais...et on parlera encore longtemps de ton passage dans nos vies, car je peux te promettre qu'on ne t'oubliras pas...comment le pourrais-je?

Ces dernières années, tu vivais pratiquement toujours à 100 milles à l'heure, préoccupé, tu aurais commencé à boire un peu trop...en fait beaucoup trop, ce que j'ignorais. Ton couple allait être foutu en l'air dans les prochains mois, voire dans les prochains jours...t'avais pris une sabatique pour t'occuper d'un projet qui n'a finalement pas fonctionner à ton goût...tu as flanché sous la pression, plutôt que d'aller chercher de l'aide. Tu laisses derrière toi des gens qui t'aimais mon pote...tes parents qui t'aimais tant...tu ne peux plus revenir en arrière maintenant. Je regrette vraiment cette bière que tu m'as offerte en insistance ...la prochaine fois, je prendrai le temps de donner mon temps à ceux qui me le demande pcq ils ont le goût de me voir. Ce qui m'attriste, c'est que je ne pourrai plus jamais discuter de tout ça avec toi autour d'une bière ou d'un feu de camp comme on l'a déjà fait dans le passé...c'est ce qui me rend le plus triste je crois.

Un jour, j'ai connu un gars qui s'appelait S., je ne me souviens plus trop où et du moment précis, mais ce gars que j'ai connu aura influencé ma vie. Pour ça, je t'en suis reconnaissant et je te souhaite la paix, où que tu sois. À toi je dédie cette chanson de Dédé qui chante sa détresse au monde entier...cette chanson qui, depuis hier, où j'ai appris la nouvelle de ton départ, ne cesse de tourner dans ma tête et qui m'aide à comprendre comment tu te sentais en dedans et mieux accepter ton geste...même si au fond, le suicide demeure encore pour moi incompréhensible.



Ton ami C., comme le surnom que tu m'as baptisé et que tout le monde utilise encore aujourd'hui, qui ne t'oublira jamais. Merci pour tout, et prend-en une à ma santé, on se retrouvera un jour, mais pas tout de suite.

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