lundi 24 septembre 2012

Elles étaient cinq

Les habits de deuil ont beau s'user et blanchir, le cœur reste noir.


[ Victor Hugo ]

Je me souviens avoir écrit sur ce film, c'était sous un autre pseudo, dans une première vie de blogueur. C'était en 2004, à la sortie du film. Je l'avais vu en salle, au Clap plus précisément, sous l'insistance de V. qui voulait absolument aller le voir. Si je m'en souviens aussi bien, c'est que j'étais sorti du cinéma un peu secoué.

Je n'avais jamais revu ce film depuis. Hier soir, pendant que la planète Québec écoutait probablement Occupation Double, moi j'ai réécouté "Elles étaient cinq" sur l'autre chaîne, huit ans après. Elles étaient cinq est un film bouleversant, violent, déchirant sur le viol...l'amitié, la mort, le deuil et le système de justice. Un mélange explosif d'émotions qui nous replace les valeurs à la bonne place. 

À l'époque, j'avais écrit que j'avais parfois honte d'être un homme. C'était p-être un peu fort, une minorité d'hommes font ombrages aux autres. J'avais aussi décrié haut et fort le système de libération conditionnelle, trop permissif et cela, bien souvent pour des raisons économiques.

En revoyant le film une deuxième fois et huit ans plus tard, ma perspective a changée...bien sûr, le sentiment d'horreur m'habitait sur le meurtre gratuit et le viol qui s'était produit cette journée là, mais j'ai davantage accroché sur la façon dont les victimes d'un drame peuvent être profondément marquées (à savoir pendant le reste de leur vie) par l’évènement, mais aussi de quelle façon elles sont laissés à elles-mêmes et abandonnées par un système de justice souvent trop molasson (les exemples pleuvent, pensez uniquement au Dr Turcotte). Un système basé sur la réhabilitation de criminels qui ont parfois commis les pires crimes. Peut-on vraiment croire à la réhabilitation des meurtriers? Des violeurs ou voire des pédophiles? Les criminels ont une 2e chance, mais qu'en est-il des victimes? Elles n'auront jamais ce privilège et celles qui survivent (viol, agression) voient leurs vies changées à jamais.

Le film fait aussi ressortir la force de l'amitié. Si l'amour soulève les montagnes, l'amitié bien...je ne sais pas c'que ça déplace au juste (des collines?) mais c'est tout aussi puissant. Elles étaient cinq mais sont revenues quatre de ce week-end au chalet. Certaines c'étaient perdue de vue...puis, 15 ans après, se retrouvent afin de terminer un deuil qui ne s'était, pour chacune d'entre elle, jamais vraiment vécu jusqu'au bout. C'est aussi ce que j'ai retenu au 2e visionnement. Lorsqu'arrive un drame, la vie s'arrête, tout ce passe vite, nous sommes dans un tourbillon...nous nous sentons supporté, épaulé pendant les jours qui suivent ledit drame. Mais après, le quotidien nous rattrape, la vie tente de reprendre son cours et nous sommes laissé à nous-mêmes...c'est souvent là que le deuil se vit, où ne se vit pas justement...au sens où il ne se vit pas complètement...et ça peut nous hanter, nous habiter, souvent inconsciemment.

Je ne sais pas exactement comment conclure ce billet. Ce film est prenant de réalisme...les actrices sont justes si bien qu'on entre rapidement dans le drame...il traite de sujets qui demeurent trop souvent tabous, ça fait différent des blockbusters américains...et c'est du homemade 100% québécois...mais le plus important, c'est que tu finis de l'écouter et tu ne peux que te conscientiser sur un paquet de valeurs, sur la valeur de la vie, sur la valeur d'une vie. Dès lors, on remet tout en perspective...et c'est là que le film atteint son but.





2 commentaires:

prinsessan Fluflu a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Kalte a dit…

Je vois bien que tu pourrais écrire un roman! Certains sujets passionnent plus que d'autres...je vois que celui-ci te touche! :)

La vie est faite de choix. Si vous êtes arrivé ici, c'est que vous l'avez choisi.