mardi 8 juillet 2014

Quand le temps m'était secondaire

"Après tant d'années où rires et pleurs se confondaient, le moment est désormais venu de se quitter. Les plus belles années de notre vie, nous les avons vécues ensemble. Tout au long de notre existence résonneront les échos des rires et resteront gravés les images de notre secondaire. (...) C'est la plus petite étape de notre vie qui s'achève et nous sommes heureux d'aller de l'avant, mais n'oublions jamais cette séquence de notre vie, colorée par les sentiments qui nous ont habités pendant tous ce temps. Une nouvelle étape commence, exploitons à fond les talents qui nous habitent pour devenir ce que nous désirons. Deux mots résument ce souhait qui s'adresse à chacun de vous : bonne chance" 
A. L. (Extrait de mon livre de finissant)

Le weekend dernier, de passage dans ma région natale en moto, je décidai d'aller tuer un peu de temps en allant me balader à mon ancienne école secondaire. Il faut spécifier que l'école en question est située dans une ville a environ 20 min. de route de mon petit village...dans un secteur peu fréquenté où je ne passe pratiquement jamais (ça joue quand même dans le contexte). 

De mémoire d'homme, je n'étais pas retourné voir mon école secondaire depuis le début de mon bacc en 97 pour prendre conseil auprès d'un ancien prof, donc depuis plus de 15 ans. Les lieux étaient déserts (évidemment, l'école est terminée...) mais ce qui m'a le plus frappé, c'est que le temps ici semblait s'être figé.

En roulant tout autour de l'établissement, je revoyais par bribes toutes mes années passées ici...quand on y pense, 5 ans dans une vie, c'est quand même pas rien. J'aurais vraiment aimé entrer à l'intérieur pour revivre encore plus tous les souvenirs que j'avais vécus en ces murs. L'odeur des lasagnes de la cafétéria, les fameux casiers jaunes, la bibliothèque où j'ai passé des heures à faire mes travaux et à dévorer la collection d'Agatha Christie...les corridors, les tuiles brunes (et laides) des planchers, les plafonds (cheap) suspendus et quoi encore que j'ai oublié.

Je me suis toutefois contenté de me rappeler des souvenirs liés aux murs extérieurs...en facade, l'entrée principale...les stationnements des autobus qui nous déposaient là chaque matin...le trajet d'autobus en soi fait partie intégrante de l'expérience du secondaire que nous avons vécue moi et les gens de mon patelin. Tout ce qui se passait pendant ces deux voyages de 20 min pourrait faire l'objet d'un sujet à lui seul....bref. 

On passait surtout par "les portes du devant" pour aller se balader en ville autour ou pour aller au "ptit cap" (un spot perçu comme un peu rebel d'aller y flâner) ou manger une patate frite ou une poutine Chez Popo (qui n'existe plus, comme 90% des commerces de l'époque d'ailleurs). En arrivant sur le côté ouest, je me suis rappelé un cours de sciences physiques du 2e secondaire où un ami avait jeté des périscopes par la fenêtre (ne cherchez pas le pourquoi, je l'ignore moi-même et c'est probablement très stupide)...je suis quand même parti a rire seul dans mon casque (comme un jeune con du 2e secondaire).

En levant la tête à gauche, j'apercus la piste d'athlétisme. Si ce n'est que l'ajout des deux buts de football, elle était demeurée intacte (et aussi laide) qu'avant. Moi + piste d'athlétisme = relation amour/haine. En fait, j'aimais les cours d'éducation physique, sauf l'athlétisme. Je comprends aujourd'hui pourquoi il m'a été si difficile de commencer la course...C'est simple, je détestais courir plus que 10 secondes, alors qu'on devait faire des 200 mètres, des courses à relais et des 800 mètres...tout pour m'écoeuré (et faire chuter mes notes). 

Entrée arrière de la polyvalente
Mais c'est en arrivant dans la cour arrière de l'école et en revoyant la colonne orange (voir photo) que j'ai ressenti le plus d'émotion (oui oui, je suis parfois émotif si vous n'aviez pas remarqué). Ici, c'était frappant à quel point le temps semblait s'être arrêté. Instantanément, j'ai revu dans ma tête les images de l'effervescence de nos jours passés ici, car c'était là que nous passions nos pauses d'entre-deux cours et nos pauses du midi. Je revoyais des amis, des personnes qui sont passées dans ma vie de l'époque et que j'ai perdu de vue...des matchs de "haki", des blagues, du temps passé à planifier nos sorties, nos week-ends, à spotter les filles que nous trouvions de notre goût...à parler de nos cours, des profs, des examens...le temps nous importait peu à l'époque; le temps n'avait pas la même valeur...car nous avions toute notre vie devant nous. Et tout ça, c'était avant les cellulaires, et avant Internet! My god, comment a-t-on pu survivre? Et pourtant...

 ...pourtant tout ça m'a rappelé à quel point j'avais eu de la chance. J'étais content d'avoir vécu tout ça pendant mon secondaire, vivre des émotions fortes, repousser nos limites, frapper des murs, contourner des obstacles...crier parfois à l'injustice...se dépasser et vous savez quoi, se laisser trainer les pieds par simple paresse...et malgré les tourments, les questionnements, les incertitudes, les échecs amoureux et les autres échecs de la vie.

Alors que retenir de tout ce voyage dans le temps?...et bien je réalise aujourd'hui que c'est ça la vie! De subir des épreuves, recevoir des coups durs et se relever chaque fois. Le secondaire forge notre personnalité et c'est une période charnière d'une vie, qu'on le veuille ou non. Y'a un âge pour tout y paraît...et bien Carpe diem et  malgré tous les doutes qu'on peut vivre pendant l'adolescence (qui n'est pas toujours jojo disons-le) et bien je suis serein avec tout ça, je pense m'en être plutôt bien tiré...même si j'avais l'impression de perdre mon temps, le recul me laisse croire que je ne l'ai pas trop gaspillé, alors c'est bon.


La vie est faite de choix. Si vous êtes arrivé ici, c'est que vous l'avez choisi.