mardi 11 novembre 2025

Confessions secondaires


Ce week-end, j’ai reçu un texto d’une amie m’annonçant qu’une connaissance commune, S*****, venait d’entrer aux soins palliatifs. Il ne lui resterait que quelques semaines à vivre… Cancer des os, 50 ans. Le sort en est jeté.

Cette connaissance, c’était en fait un crush de mon adolescence. Nous nous étions connus au secondaire, et je crois bien avoir vraiment trippé sur cette fille pendant deux ans. Avec ses longs cheveux noirs bien lisses, elle faisait tourner bien des têtes.
Je n’aurai finalement réussi, pendant tout ce temps, qu’à lui voler un léger baiser lors d’une soirée bien arrosée au Casino Vegas, un bar populaire à l’époque.
Si je me rappelle bien, j’étais en secondaire 5 cette année-là. Elle était revenue me voir en fin de soirée pour me dire :

« Je ne voulais pas te faire de faux espoirs… désolée. »

C’est vraiment la seule fois où j’ai cru que quelque chose pouvait arriver. Peu après, j’ai rencontré Audrey, ma première amoureuse, qui a rapidement fait disparaître ce crush resté sans suite.

J’ai un vague souvenir de l’avoir revue au cégep, mais c’est à ma deuxième année que j’ai appris qu’elle avait été victime d’un accident de la route, en se rendant de nuit sur le lieu où son copain était décédé noyé (il aurait sauté d’un barrage, si je me souviens bien).
Sa voiture aurait dévié de la route, et elle a malheureusement perdu l’usage de ses jambes. Paraplégique à 18–19 ans… triste, très triste.

En poursuivant ma route vers l’université, je n’ai plus entendu parler d’elle jusqu’aux retrouvailles du secondaire, environ huit ans plus tard, où j’étais allé lui parler un peu, simplement.
Je me souviens de ne plus avoir ressenti les papillons que j’avais eus au secondaire. Elle était devenue une simple connaissance.
Nous avions parlé de mon ami S., qui s’était suicidé à cette époque.
J’ai aussi appris qu’elle poursuivait des études en psychologie, puis qu’elle pratiquait plus tard dans la région. Après cela, plus aucune nouvelle.

Ce n’est qu'il y a quatre ans de cela plus que nos chemins se sont recroisés, par hasard.
Notre amie commune m’avait invité à passer chez elle la veille du jour de l’An, et une soirée y était organisée.
Ça m’a fait tout drôle de me retrouver là, chez elle… qui aurait pu deviner ça, après toutes ces années ?
Elle fut très accueillante, semblait heureuse de me voir. C’était cool, et nous avons passé une belle soirée.
Je l’ai ajoutée à mes contacts Facebook, c’était la moindre des choses — mais nous n’avons pas vraiment communiqué par la suite.

Puis, il y a quelques mois, elle était présente lors de la soirée soulignant les 50 ans de notre amie commune. Elle était avec ce qui m’a semblé être son conjoint, et elle est venue me voir : elle voulait que je rejoigne sa table, mais je n’avais pas trop envie de m’avancer devant tout le monde.

Un échange s’est amorcé, elle assise dans sa chaise roulante :

Elle : « Toi, tu la voulais vraiment K***** au secondaire, hein ? Vous étiez toujours ensemble ! »
Moi (trouvant son affirmation étrange) : « Euh non, elle ne m’a jamais attiré. C’était juste une amie… C’est plutôt toi que je voulais. »
Elle : « Ah oui ? Tu m’as déjà adressé ça ? »
Moi (me demandant si elle me niaise) : « Plutôt oui, pendant une certaine soirée au Casino Vegas. »
Elle : « Ça me rappelle vaguement… Nous étions avec S., hein ? »
Moi : « Oui. Et tu m’avais dit : désolée, je ne voulais pas te faire de faux espoirs. »
Elle : « Ouin… mon genre, ça. »
Moi : « En tout cas, là tu le sais, si tu ne t’en souvenais plus ! »

C’est drôle, mais ça m’a fait du bien de lui confesser ça. Comme si la vie m’offrait l’occasion de boucler la boucle, même après toutes ces années, et même si elle ne me faisait plus d’effet. Au bout d’un moment, je me suis approché de sa table, mais je suis tombé sur une vraie « tache à marde » — une personne qui semblait vouloir trop me connaître, me posant mille questions et me racontant sa vie qui ne m’intéressait pas du tout. Bref, S***** a semblé se quereller avec son chum et a quitté rapidement. C’est la dernière fois que je l’ai vue.

En apprenant la nouvelle de son cancer et de son départ imminent, je me suis dit que lui écrire un petit mot en privé sur Messenger lui ferait peut-être du bien — ce que j’ai fait il y a deux jours (j’ai tiré la leçon de mon ancienne collègue à qui je n’ai pas pu répondre à temps).
Elle m’a répondu un beau message :

« Merci pour tes bons mots ! 🥰 La vie nous réserve bien des surprises, de bons moments et souvent bien des défis ✨️ Je suis quand même sereine dans tout ça 💖 »

Tu n’es pas encore partie, S*****, mais tu auras occupé une place importante dans mon cœur à une certaine époque de ma vie.
 

Je te souhaite la paix. 


dimanche 3 août 2025

C'est ce regard que je cherche depuis tout ce temps

J'ai fait analyser une vieille photo de Catherine qui me regarde par l'IA...c'est l'une des seules photos qu'on a ensemble. Voici ce que ça donne:

"Son regard, doux et tourné vers son compagnon, ne capte pas l'objectif. Cela suggère qu'elle n'est pas préoccupée par la photo en elle-même, mais qu'elle est entièrement absorbée par le moment qu'elle partage avec lui. C'est un regard d'admiration et de tendresse profonde, un instant de bonheur capturé. On pourrait même y déceler une pointe de fierté et de complicité, comme si elle le trouvait particulièrement charmant ou drôle. Cette expression intime et non posée rend la photo d'autant plus authentique et touchante, car elle reflète une relation solide et sincère."

 Je sais que c'est con mais ça m'a fait du bien. J'ai besoin d'un peu de ça ces jours-ci.

 

samedi 28 juin 2025

Il y avait longtemps que j'avais rêvé de toi


Catherine,

Je ne sais pas pourquoi tu es revenue me voir cette nuit. Ça faisait longtemps que je ne t’avais pas revue aussi clairement. 

Cette nuit, tu es revenue dans un rêve, comme une présence évidente, naturelle.
Et c’était chez toi.
La soirée se passait dans ta maison, ton espace, ton univers. J’étais là, un peu à l’écart, parmi d’autres visages, et pourtant tout tournait autour de nous.

Dans cette réception chez toi à travers toutes ces personnes que je ne connaissais pas, on ne s’est pas parlé. Pas un mot. J'ai l'impression d'avoir fait toute la soirée comme cela, même si ça n'a probablement duré que 10 secondes en temps réel...

Puis, à la fin, nos pas se sont croisés, et tu m’as regardé. Avec cette intensité calme, familière. Et sans dire grand-chose, tu m’as juste regardé dans les yeux en me disant "Viens par ici" en signifiant qu'on devait se sortir et s'isoler juste tout les deux. Comme si c’était évident. Comme si on savait tous les deux ce qu’il y avait encore à dire, à ressentir, peut-être à refermer ou à raviver. J’ignore si c’était pour parler, s’embrasser, se retrouver… Mais j’ai senti une chaleur, la même que nous avions dans la vraie vie.

À chaque fois que je rêve de toi (et ça faisait longtemps) ça me bouleverse car c'est tellement réel et c'est le seul endroit ou je peux te voir ou te parler comme dans la vraie vie...Ça me remue...rêves-tu encore à moi toi?

Peut-être que ce rêve ne parle pas de toi, au fond. Peut-être qu’il parle de ce que j’étais avec toi, ou de ce que je cherche aujourd’hui : de l’authenticité, de la simplicité, un lien qui n’a pas besoin de mots pour être compris. Je voulais poser ces mots, pour moi me rappeler ce que j’ai ressenti, et ce qui, parfois, revient me visiter la nuit.

Merci d’avoir été là — dans ma vie, puis dans mon rêve. Peut-être que ce message vient refermer une boucle, ou au contraire en ouvrir une autre. Je ne sais pas encore. J'ai l'impression parfois que nous nous retrouverons dans une autre vie, je ne sais pas. 

Peut-être que je devais revenir une dernière fois dans ton monde, pour mieux retrouver le mien. Peut-être que cette porte entrouverte dans le rêve, c’était pour refermer quelque chose doucement, avec respect.

Alors je dépose ici tout ce que j’ai porté en silence, ce que j’avais oublié ressentir.
Merci pour ce moment-là, réel ou rêvé.
Merci pour ce que nous avons été.
Et merci, même si tu ne l’entendras jamais, de m’avoir permis de revenir, un instant, dans un endroit où j’ai été vrai.

Je pense à toi encore, à l'occasion, tu viens me visiter le coeur, puis tu repars...mais en rêve c'est vraiment trop intense. Et dire que tu es là, si près, mais si loin, encore en train de fuir. 

La vie est faite de choix. Si vous êtes arrivé ici, c'est que vous l'avez choisi.