Reality bites: un film des années 90 qui ressemblait étrangement aux années ou j'avais l'impression d'avoir une vie |
Depuis quelques mois, j'ai l'impression de ne faire qu'exister...c'est le métro-boulot-dodo quotidien de la routine au travail...je suis enterré de travail, que dis-je submergé (ça fait pire dans l'eau que sous la terre je trouve). Je ne vois pas le jour de diminuer la liste de tâches à faire, j'en reporte certaines depuis 2, voir 3 mois...bienvenue dans la fonction publique 2.0, où le volume de tâches demeure le même et où l'ont remplace 1 vieux dinosaure sur 2...mais après plusieurs départs à la retraites, ça commence à nous rattraper, nous les jeunes qui reste. Après seulement 8 ans, je suis devenu le sénior dans le département. La charge de travail ne peut qu'être exponentielle, expérience oblige, du moins, pour moi, mais pas pour d'autres. J'ai lu récemment que "la connaissance venait avec les responsabilités". C'est venu me chercher, rien de plus vrai. L'ignorance, c'est le bonheur, disait Plume Latraverse. En quelque part, il n'a pas tout à fait tort, quand on y pense. On jase là.
J'arrive du travail autour de 18h-18h30 normalement. Le temps de me faire une bouffe, il est 19h et je n'ai fait que cuisiner, me changer de vêtements, vider ou emplir le lave-vaisselle (dawn!) et manger. Le temps de terminer, j'ai réussi à écouter les infos il est 19h30 et je n'ai rien fait d'autres. J'en profite pour relaxer un peu en allant voir la vie palpitantes des autres sur Facebook. Shit, déjà 20h...je dois organiser mon souper meurtre et mystère, payer tel ou tel compte, prendre mon rdv pour le tune-up de la moto, mesurer les coches de mes pneus (sont-ils encore bons?) ah oui, faut pas j'oublis de vérifier comment je peux réparer le patio sur le net...déjà 21h.
J'ai passé mes derniers week-ends...à racler le terrain, puis épandre de l'engrais, décaper et teindre la terrasse (je vous passe les aller-retours à la quincaillerie), sortir le set de patio, ranger la souffleuse, sortir la moto, faire l'épicerie, préparer des lunchs, faire le ménage du printemps...et les corvées régulières de la douche, les toilettes, la balayeuse, les poubelles et le bac de recyclage....
Vous me direz alors: De quoi tu te plains? T'as une bonne job et une propriété, c'est déjà plus que bien du monde. Je sais tout ça, je l'apprécie, sachez-le...je sais que je suis privilégié et l'idée c'est pas de me plaindre la bouche pleine...mais je réalise du coup à quel point on peut "perdre" du temps dans une vie à seulement faire la gestion de tout ce qu'on doit gérer...le boulot, la maison, les obligations...et je n'ai même pas d'enfants, imaginez. Mais pendant le temps qu'on prend pour s'occuper de tout ça, j'ai l'impression parfois de perdre de précieuses années de vie à m'occuper de choses qui une fois que j'aurai trépassé, n'auront plus aucune importance, vous me suivez?
Il me semble (et j'en suis assez certain) que pendant toute ma jeunesse, j'avais tout le temps de "vivre ma vie", de la savourer à fond...avec les amis, les cousins/cousines, la vie en famille, l'école, les premiers coup de foudre, les séances de necking avec les filles...vivre simplement. Je m'ennuis du temps où ma vie se résumait à l'école la semaine et à débarquer chez "C" le weekend, à se demander "On fait quoi? T'as envie d'un film? Pulp Fiction, ça l'air bon hein? Jamais vu. Go, on va le louer" ou "Les boys, on s'en va à la Girafe ce soir...on finit ça chez Ashton" ou encore de se retrouver entre colocs dans le salon à prendre une bière un jeudi soir, à juste jaser, faire des jokes et rire. Ainsi allait ma vie d'avant.
Mais cela ne dure qu'un temps...bien assez vite arrive les pressions sociétales de "réussir sa vie", avoir de bonnes notes, étudier comme un dingue (et s'endetter)...pour avoir une bonne job (sous-entendu payante) pour ne manquer de rien (rembourser ses dettes), puis se caser avec une fille, d'avoir des enfants, un chien et qui sait, un chalet si t'as bien réussi. L'histoire ne dit pas que tout cela vient souvent avec les obligations financières, professionnelles et familiales...
Nous posons-nous la question à savoir pourquoi travaillons-nous comme des défoncés pour payer sa maison à 300 000 $, son Iphone 7, son Dodge caravan avec écran plasma (pour aller porter fiston à l'aréna le samedi matin à 7h) et au final, pour n'avoir 2-3 semaines de vacances par année (déjà booké pour un voyage à Ogunquit)? Nous n'avons pas le temps de s'arrêter pour y réfléchir, nous sommes trop occupé à vouloir réussir notre vie plutôt que de l'apprécier à sa juste valeur. Et n'allez pas croire que jsuis mieux que les autres...je fais parti du lot.
Je me répète souvent de faire attention de ne pas passer à côté des "vraies choses", pour ne pas qu'à la fin de ma vie, il soit trop tard...c'est peut être là qu'origine mes tourments récents...d'avoir l'impression de passer trop de temps m'occuper de choses superficielles qui me paraissent pourtant aujourd'hui incontournables, importantes ou essentielles afin de réussir ma vie...j'imagine que c'est typiquement humain, que je ne suis, au fond, qu'un homme "de mon époque"...mais quelle époque de fou dans laquelle vit-on pour ne plus avoir l'impression de prendre le temps de vivre? Je me le demande. Ça m'inquiète, m'angoisse, m'étourdit, me questionne. J'imagine que c'est (un peu) ça, la crise de la 40 aine.