L'odeur de l'air ne se commande pas, elle ne se contrôle pas, elle arrive tout simplement, sans l'avoir demandé. Quand l'air à une odeur, on a l'impression que le temps s'arrête. On se sent transporter vers un moment confortable et j'aime ça.
Vendredi dernier, en revenant du bureau, le temps était plutôt maussade et pluvieux. En me rendant chez moi, j'ai dû m'arrêter et c'est là, à ce moment même, que l'air c'est empli d'un moment.
Bien qu'il ne soit pas facile de le décrire précisément, l'air était parfumé de l'approche d'une pluie imminente.
Puis, sans m'y attendre, l'odeur de l'air m'a transporté au temps où je suis revenu vivre à Québec, après un arrêt chez ma tante puis chez une amie, en attendant de me trouver un endroit où j’envahissais moins le plancher.
L'air sentais donc ça; le grand appartement que nous partagions à 5 dans un quartier de Ste-Foy. L'odeur de l'air me rendait serein, et cela m'a fait sourire. C'est pourtant une époque où j'étais passablement instable et à laquelle je fais rarement référence. L'odeur de vendredi dernier me rappelait toutefois les beaux moments passés à vivre en colocation avec autant de gens différents, gens de la ville, gens des champs, 3 gars, 2 filles qui, de toute évidence, se sont retrouvé de passage là, dans leur vie qui les mènera ailleurs, on ne sait pas quand, mais on le sait.
Cinq destins qui s'entrechoques, on ne sait trop pourquoi et ni comment cela s'est produit. On est là et c'est tout, c'est simple et pas compliqué. Un chassé croisé de personnalités, d'étranges associations, de coup de théâtre et d'apprivoisements de toutes sortes. Une saison complète de "Pignons sur rue" aurait facilement pu être tournée et aurait été p-être plus intéressante que celles qui sont passées à la télé...
Bref, vendredi dernier, j'étais là, debout, sous ce ciel menaçant, à humer l'odeur de l'air, baignant dans un sentiment de bien-être, à me dire que je gardais de beaux souvenirs de mon année passée là-bas...j'ai dû quitter, comment dire, précipitamment, pour aller vivre ce que j'avais à vivre ailleurs.
La vie est une succession de passages, certains plus long que d'autres...certains qui nous paraissent banals sur le coup, mais à bien y réfléchir, ces passages étaient obligés et nous ont fait grandir et devenir un peu ce que nous sommes aujourd'hui.
Je suis parti de loin pour m'orienter
Depuis que j' suis parti, je me suis débrouillé
Je fais ce que je peux pis j'aime ce que je fais
Plus que je fais de mon mieux, moins que j'ai de regrets
Kevin Parent [Pignon sur rue]
Quand l'odeur de l'air nous transporte, on doit savourer ce moment, s'arrêter et remercier Dieu de rendre tout cela possible.