dimanche 5 juin 2011

Le ferrailleur

Quand je pense à lui, c'est l'image de Séraphin Poudrier (si-contre) qui me vient tout de suite en tête.

Le ferrailleur est un homme de mon village d'enfance. Comme le dit son nom, il pratique le métier de ferailleur, en d'autres mots, il ramasse le vieux fer. En fait, il ramasse le vieux fer mais aussi tout ce que les gens envoient aux ordures et qui pourrait, selon lui, encore servir ou qu'il pourrait tiré profit.

Revendant tout ce qu'il trouve sur son passage, le ferrailleur a développé, au fil des ans, un cimetière de voitures mais aussi de laveuses, de sécheuses et de vélos sur un terrain situé dans un rang de campagne. Si vous passez par là un jour, vous ne pourrez pas le manquer...

Avec les années, le ferrailleur est devenu un homme riche, voire millionnaire à vendre ses rebuts. Il vit pourtant comme un véritable fauché, dans un minuscule jumelé avec sa femme (son esclave) et son fils... son charmant fils de 320 livres qui est devenu, avec les années, la copie-conforme de son très charmant père.

Il maintient Donalda, sa jeune femme, dans une crainte continuelle, la force à manger une nourriture grossière et insuffisante.
Il ne cesse de parler d'argent et que la vie coûte chère. C'est en fait son seul sujet de conversation. Il négocie sur tout et à ses yeux, tout le monde veut l'escroquer.

Il passe de longues heures à palper et à caresser les pièces d’or qu’il conserve, au grenier, dans des sacs d’avoine.
Vivant reclus, le ferrailleur se promène toujours habillé en vêtements souillés d'huile, de suie ou de je ne sais trop quoi encore...de son repas de la veille p-être bien. Il a l'air d'un vieux mendiant sur Ste-Catherine.
Il vivra donc solitaire, dans sa lugubre maison, dévoré par son vice, obsédé par la crainte des voleurs et de l’incendie
Cet homme avare a pourtant, lentement, racheter avec les années, tous les immeubles à logements du coin qui était laissé pour presque rien. Rafistolant, pour ne pas dire "patchant" les petits bobos de ces immeubles avec quelques boîtes de clous recyclés, le ferrailleur loue pourtant ceux-ci à un prix bien au-delà de ce que cela vaudrait normalement, comme il a le monopole des immeubles à logements dans le coin.

Il prête son argent à des taux usuraires et garde, s’il le peut, les gages que ses victimes lui confient
Je me demande parfois comment peut-on vivre ainsi, comme un véritable pauvre alors que tout le monde sait combien il peut être riche?
Uniquement obsédé par la pensée de son trésor, Séraphin s’élance dans les flammes où on retrouve son cadavre calciné, la main crispée sur une pièce d’or.
Source image: http://www.radio-canada.ca/culture/cinema/v2/200208/23/001-seraphin.asp

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